Barbara Hammer (1939 – 2019)
Je suis Barbara Hammer.
Je suis née le 15 mai 1939 à Hollywood. Ma grand-mère Lillian Gish était l’une des pionnières du cinéma muet. Elle était actrice, réalisatrice et scénariste. Si la passion de l’art du cinéma se transmet alors c’est bien d’elle que je l’ai reçue. Pourtant j’ai commencé par des études de psychologie à l’Université de Californie à Los Angeles. Puis j’ai continué avec une maîtrise de littérature anglaise et une maîtrise de cinéma à l’Université de San Francisco.
J’ai été mariée avant de m’affirmer lesbienne et de découvrir les communautés LGBTQA+. Cet aspect de ma vie personnelle va jouer un grand rôle dans ma vie professionnelle.
Dans les années 70, je commence à réaliser des courts-métrages expérimentaux, mon tout premier c’est “Dyketactics” (1974), il dure 4 minutes. A l’époque, je filme en super 16, puis en super 8, des bribes de ma vie et de celle de mes ami.es pour les rendre publiques. Je faisais déjà ce que vous appelez aujourd’hui des vlogs. C’est comme ça que j’ai commencé à créer mes archives d’images pour la mémoire et pour l’histoire cachée de la communauté LGBTQA+.
En 1992, j’ai réalisé et produit mon premier long-métrage “Nitrate Kisses”, le premier d’une trilogie “The Invisible Histories Trilogy” (La Trilogie des histoires invisibles). Ce premier volet se compose en trois parties. La première dévoile des couples lesbiens, âgés, homosexuels masculins et interraciaux qui font l’amour, la deuxième se concentre sur l’histoire de Willa Cather. Cette romancière américaine a détruit de nombreuses lettres et papiers personnels avant sa mort qui dissimulaient des preuves de lesbianisme. Puis la troisième partie explore le traitement des lesbiennes par le Troisième Reich.
L’avant-première de “Nitrate Kisses” a eu lieu au Festival International du film de Toronto. Il a été présenté dans plusieurs festivals internationaux et a été nominé pour le Grand Prix du Jury au Festival du film de Sundance. Il a aussi remporté le Polar Bear Award au Festival international du film de Berlin et le prix du meilleur documentaire au Festival International du Cinéma Féminin à Madrid.
Cette reconnaissance m’a encouragé. J’ai réalisé et produit plus de 100 films durant mes 36 années de carrière, dont les plus connus : Tender fictions (1995), My Babushka (2001), Resisting Paradise (2003) ou encore A Horse Is Not a Metaphor (2008). Je ne pouvais pas m’arrêter sur une si belle lancée. Ma voix avait de l’importance, de la valeur. Grâce à mon art, mon esprit créatif et mon audace, j’ai participé activement à la visibilisation des lesbiennes et de la communauté queer. J’ai consacré ma vie à la réhabilitation de la mémoire et de l’histoire du mouvement gay. J’ai réalisé des documentaires, des courts-métrages, des films et j’ai surtout expérimenté dès les années 80, l’art vidéo : surimpression, feuilletage des images, collage visuel, pellicule colorisée ou altérée, décadrage, effet de solarisation et de négatif… Je ne faisais rien comme personne et j’ai été maintes fois récompensée.
A la fin de ma carrière, on m’a diagnostiqué un cancer des ovaires incurable. J’ai milité pour le droit à une fin de vie digne et qu’on ait le droit de choisir la manière dont on souhaite mourir à travers mon dernier film “The Art of Dying” (ou “Palliative Art Making in an Age of Anxiety”). Mon cancer des ovaires a gagné, le 16 mars 2019, j’ai rendu mon dernier souffle aux côtés de ma femme Florrie Burke.
Trust yourself, your intuition, your desires and your pursuits. Don’t question yourself too much. Place one foot ahead of the other and go forward steadily. No one will understand as you do the work, the art, you are making – so no need to look for audience approval or ratings.
Barbara Hammer
Pour aller plus loin et en savoir plus sur Barbara Hammer :
– Son livre autobiographique : “Hammer, making movies out of sex and life”.
– Ses films disponibles sur Mubi