Secrets de réalisation : Jurassic Park
Jurassic Park de Steven Spielberg (1993) a sûrement bercé votre enfance et vous fait encore rêver aujourd’hui. Qui ne rêve pas de se balader à dos de brachiosaure ? Alors, vous connaissez sûrement l’histoire, mais pour ceux qui ne l’auraient pas encore vu, ne vous inquiétez pas, il n’y a pas de spoil. Nous allons parler des coulisses et non pas de l’histoire en elle-même. Mais pour vous mettre dans le bain, on vous (re)donne un aperçu du synopsis !

Le synopsis :
Jurassic Park c’est l’histoire de John Hammond, un richissime milliardaire qui veut créer un parc d’attractions un peu spécial puisque celui-ci se trouve sur une île au large du pacifique et y abrite des dinosaures. John Hammond a réussi à faire naître des bébés dinos grâce à de l’ADN de dinosaure retrouvé dans un moustique emprisonné dans de l’ambre. Son projet fait polémique, évidemment. Alors il envoie un groupe d’experts pour obtenir l’autorisation d’ouvrir son parc. Il envoie Ian Malcolm qui est un spécialiste de la théorie du Chaos, Alan Grant et Ellie Sattler qui sont paléontologue et paléobotaniste, son avocat et ses petits enfants pour faire une visite du parc le temps d’un week-end.
Avant de vous dévoiler les secrets de réalisation de votre préféré (au moins dans le top 10 non ?), voici quelques chiffres : Le film a rapporté 914 691 118 $ de recette au box-office mondial. Il est resté 71 semaines à l’affiche aux Etats-Unis et au Canada soit presque 1 an et demi. Il a remporté 3 Oscars en 1994. 1 pour les Meilleurs Effets Sonores et Meilleur Montage Sonore, 1 pour les Meilleurs Effets Visuels et 1 pour le meilleur son.
Pour comprendre ce succès international, voici les secrets de réalisation de « Jurassic Park » :
Une histoire inspirée d’un livre même pas encore terminé
Le film Jurassic Park est inspiré du livre de Michael Crichton. Pour la petite histoire, Spielberg et Crichton se connaissaient avant la réalisation du film et même avant la sortie du roman puisqu’ils ont travaillé ensemble sur le scénario de la série Urgences. C’est d’ailleurs à ce moment là que Michael Crichton a confié à Steven Spielberg son prochain projet d’écriture, qui s’avérait donc être Jurassic Park. Spielberg a adoré l’idée de son histoire de dinosaures alors il a carrément commencé le scénario de son film avant même la sortie du livre de Crichton. On peut d’ailleurs remarquer des différences entre le livre et le film, mais nous n’allons pas nous étendre sur cet aspect là. Spielberg a payé Michael Crichton 2 millions de dollars – rien que ça – les droits pour adapter le roman en film.
Des VFX précurseurs qui ont donné naissance à Star Wars et Le Seigneur des anneaux :

Après le tournage de Jurassic Park, Steven Spielberg a confié la post production à son ami George Lucas pour enchainer sur le tournage de “La Liste de Schindler”. Parce qu’il faut savoir qu’à la base, Spielberg avait pour projet de réaliser La Liste de Schindler en 1993 avant Jurassic Park. C’est sa société de production “Amblin Entertainment” qui lui a dit “Non, tu réalises Jurassic Park et ensuite tu pourras faire la “Liste de Schindler””, comme quoi écouter les producteurs ça a du bon, financièrement. D’ailleurs, c’est grâce à Jurassic Park que George Lucas a pu constater l’avancée des effets spéciaux assistés par ordinateur et qu’il a réalisé à quel point c’était prometteur pour le cinéma de science-fiction. C’est à ce moment-là qu’il s’est dit que c’était enfin le bon moment pour réaliser Star Wars. C’est aussi le cas de Peter Jackson qui s’est mis sérieusement à réfléchir à son adaptation des romans de Tolkien. Merci Steven quoi … !
VFX ou animatroniques ?

Justement, en parlant d’effets spéciaux ! Au départ, Steven Spielberg voulait réaliser en stop motion les scènes où l’on voit les dinosaures. Un essai à même été réalisé par Phil Tippett qui est un spécialiste des effets spéciaux. Seulement, pour plus de réalisme Spielberg a finalement pris la décision de réaliser ces scènes avec des animatroniques et des images de synthèses. D’ailleurs, pour un film dont les dinosaures sont le sujet principal, il n’y a pourtant que 15 minutes d’images de dinosaures dont 9 minutes réalisées avec des effets spéciaux traditionnels sur 127 minutes de film. Arnaque ? Presque hein !
Les animatroniques plus vrais que nature !
On pourrait parler des animatroniques de Jurassic Park pendant des heures alors nous allons aller à l’essentiel. Les animatroniques sont des marionnettes mécaniques. Pour le film “Jurassic Park”, ils ont été supervisés par Stan Wilson. Il y a 5 types de dinosaures qui étaient présents sur le tournage du film. Il s’agit du brachiosaure, du dilophosaure, du tricératops, du vélociraptor et du T-Rex.
Le brachiosaure a été utilisé pour la scène où Alan et les enfants sont cachés dans l’arbre. Il fait environ 2,3m de haut, c’est le plus grand animatronique sans mécanisme hydraulique. Ils étaient 6 techniciens pour manipuler le dinosaure.
Le dilophosaure est celui qui crache du venin et qui a une grande collerette qui se déploie autour de sa tête. Ils ont utilisé un mécanisme de paintball pour faire cracher le venin du dilophosaure. En studio, ça fonctionnait très bien. Mais pendant le tournage avec l’humidité ambiante, l’air comprimé qui sortait de la bouche formait un nuage de condensation. Du coup, on ne le voit pas directement cracher son venin.
Le tricératops est entièrement mécanique. Lorsqu’il respire et que son ventre se soulève, il s’agit en fait d’un poteau qui était poussé par un levier qui levait la peau du dinosaure. En fait, le dinosaure malade était installé sur un faux sol. L’équipe technique avait creusé un grand trou et installé un nouveau sol sous lequel était installé le tricératops. C’était pour permettre aux techniciens de donner vie au dinosaure en actionnant les mécanismes manuellement. Il n’y avait qu’un technicien qui n’était pas sous le dinosaure, c’était celui qui s’occupait de l’oeil dans lequel la pupille se dilate, il actionnait le mécanisme par radiocommande.
Le vélociraptor est en fait un costume. Il y a bien un humain à l’intérieur. Bon c’est pas un costume d’halloween en papier mâché. Ils ont d’abord réalisé des maquettes en mousse avant de réaliser le costume en latex. Il y a quand même un mécanisme pour la queue et la tête, un mécanisme assez simple qui fonctionne avec l’inertie des mouvements de la personne dans le costume pour la queue. Et la tête tourne si la personne dans le costume tourne sa propre tête.
Le T-Rex est une belle bête de métal et de latex de 6 mètres de haut, 12 mètres de long et pèse 5,9 tonnes. D’ailleurs pendant le tournage de la scène sous la pluie, le latex absorbait l’eau et le rendait donc plus lourd de prises en prises, et devenait difficilement contrôlable. Les techniciens étaient obligés de sécher le dinosaure avec de grands séchoirs.
La fabrication des sons des dinosaures
Il y a beaucoup de vraies et fausses informations qui circulent sur internet concernant les sons utilisés pour fabriquer les sons des dinosaures. Nous nous sommes basés sur une interview de Gary Rydstrom, le sound designer qui a produit les sons des dinosaures. On ne connaîtra jamais le vrai son des dinosaures, mais Gary Rydstrom les a imaginés. Il a enregistré des sons de vaches, de son chien et il est même allé au zoo.
Les sons des Brachiosaures sont un mélange de sons d’éléphants, d’ânes et de vaches.
Le son du T-Rex est le cri d’un koala (oui, oui …) et pour le rugissement du T-Rex notamment lorsqu’il rugit pendant que les enfants sont dans la voiture, il s’agit d’un mélange de rugissement de tigre et un son de bébé éléphant.
Pour les vélociraptors, il a utilisé des sons de grue africaine et de tortue.
Il faut savoir que les cris des dinosaures sont différents en fonction de la scène. Il y a même le son d’un humain. Il s’agit en fait d’un ami de Gary à qui il a demandé d’imaginer le son des dinosaures. Donc il y a bien un dinosaure qui fait le son d’un raclement de gorge dans Jurassic Park. Bien sûr, les sons utilisés ont été parfois légèrement modifiés et ralentis le plus souvent pour être plus impressionnants.
Le décor idéal se trouve à Hawaï

La Isla Nublar, l’île où se trouve le parc n’existe pas, c’est une île fictive inventée de toutes pièces par Michael Crichton. Le film a été tourné sur l’île Kauai à Hawaï. Falaises, jungle impénétrable, vallées escarpées, vagues dévastatrices … Cette île était le décor parfait pour Jurassic Park. D’ailleurs l’équipe de tournage a connu l’ouragan Iniki pendant le tournage, ce qui l’a retardé d’un jour. En revanche, pour les scènes qui nécessitaient d’un fond vert donc pour l’incrustation des dinosaures en images de synthèses, elles ont été tournées dans les studios d’Universal.
L’habit ne fait pas le moine, sommes-nous en sûr ?

Le choix des costumes est très important. Si vous aviez remarqué, John Hammond, le créateur du parc, est toujours habillé en blanc et Ian Malcolm le mathématicien, ne porte que du noir. Ce serait pour mettre en avant les personnalités totalement opposées des deux personnages. L’un cynique et pessimiste : Ian Malcolm, et l’autre optimiste et idéaliste : John Hammond. Cela permet aux téléspectateurs de choisir inconsciemment son camp entre “le bien” et “le mal”, bon là en l’occurence c’est soit on est pour le clonage et la renaissance des dinosaures et on soutient donc la lubie de John Hammond, soit on est contre éthiquement parlant et on soutient le point de vue du professeur Ian Malcolm.
Une scène plus vraie que nature !

Si la scène du T-Rex qui s’abat sur les enfants dans la voiture semble si réelle c’est parce que le toit de la voiture en plexiglass est vraiment tombé sur eux. La tête de l’animatronique était trop lourde à cause de la pluie, c’est un élément que l’équipe technique n’avait pas anticipé. Les enfants ont eu tellement peur que leur cris sont bien réalistes puisqu’ils ont gardé cette prise au montage.
La musique règle tous les problèmes

Dans cette même scène, Lex voit l’eau de son gobelet trembler et créer un petit tourbillon. Ce phénomène a été créé grâce à une corde de guitare installée sous le tableau de bord de la voiture pour faire trembler l’eau dans le gobelet. Spielberg aurait trouvé cette idée quand il écoutait “Earth, wind and fire” à fond dans sa voiture et a constaté les vibrations provoquées par la musique. Du coup, pour chaque scène où le T-Rex s’approche des personnages, il y a de l’eau qui tremble (la flaque d’eau, la gelée de Lex, son verre d’eau.)
Dans la peau des Gallimimus
La scène où les Gallimimus sont en troupeau et courent vers Alan et les enfants a été assez complexe à reproduire en 3D car les mouvements de ces dinosaures sont assez spéciaux car ils courent vite et leurs pattes avant sont courtes et contre leur poitrine. Et quand on n’a pas de dinosaures à disposition pour être le plus réaliste possible, on met les techniciens à contribution. Ils ont couru les mains collées contre leur poitrine sur un chemin semé d’obstacles pour se rendre compte des mouvements de pattes et de corps qu’il fallait recréer en images de synthèses.
Désormais vous connaissez (presque) tout sur les secrets de réalisations du film « Jurassic Park » de Steven Spielberg. Et si l’idée de John Hammond vous inspire, sachez qu’il vous faudra la modique somme de 23 milliards de dollars pour créer un parc comme le sien ! Alors, partant.e ?
Sources :
Interview Gary Rydstrom
Jurassic-park.fr
Stan Winston School : L’animatronique du brachiosaure
Stan Winston School : L’animatronique du dilophosaure
Stan Winston School : L’animatronique du tricératops
Stan Winston School : L’animatronique du Vélociraptor
Stan Winston School : L’animatronique du T-rex